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Date : 20041004

Dossier : IMM-8617-03

Référence : 2004 CF 1365

Toronto (Ontario), le 4 octobre 2004

EN PRÉSENCE DE MADAME LA JUGE HENEGHAN

ENTRE :

                                                                  EDA PELUSHI

                                                                                                                                       demanderesse

                                                                             et

                         LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

                                                                                                                                             défendeur

                                MOTIFS DE L'ORDONNANCE ET ORDONNANCE


[1]                Mme Eda Pelushi (la demanderesse) sollicite le contrôle judiciaire de la décision de la Section de la protection des réfugiés de la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (la Commission), datée du 29 septembre 2003 et signée par le greffier le 3 octobre 2003. Dans sa décision, la Commission a conclu que la demanderesse n'était pas une réfugiée au sens de la Convention conformément à l'article 96 de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, L.C. 2001, ch. 27. La Commission n'a pas traité de l'application de l'article 97, qui traite des « personne[s] à protéger » .

[2]                La demanderesse est une citoyenne de l'Albanie. Elle a revendiqué le statut de réfugiée du fait des opinions politiques qu'on lui imputait en raison de son appartenance à un groupe social, soit une famille dont le père était un membre actif du Parti démocratique. Elle a prétendu également qu'elle courait un risque parce qu'elle était la cible d'un trafic à des fins de prostitution.

[3]                La demanderesse a témoigné relativement à des incidents où son frère aurait subi un préjudice physique et relativement à deux tentatives d'enlèvement dont elle aurait fait l'objet. La Commission n'a tiré aucune conclusion favorable ou défavorable quant à la crédibilité de son témoignage, mais elle a fondé sa décision défavorable sur la conclusion que la demanderesse n'avait pas réussi à établir un fondement objectif relativement à sa demande ou un lien avec l'un des motifs prévus par la Convention.

[4]                La Commission a conclu que la demanderesse ne risquait pas d'être enlevée en raison du profil politique de sa famille. Parallèlement, elle a conclu que l'enlèvement était un problème répandu en Albanie. À mon avis, la Commission aurait dû se demander si la demanderesse risquait personnellement d'être enlevée.

[5]                En l'absence d'une conclusion quant à la crédibilité de la demanderesse relativement aux tentatives d'enlèvement dont elle aurait fait l'objet, il est impossible d'affirmer que la Commission a dûment examiné la demande de la demanderesse. À cet égard, je renvoie à la décision Cepeda-Gutierrez et al. c. Canada (Ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration) (1998), 157 F.T.R. 35 (1re inst.), où le juge Evans a fait les commentaires suivants à la page 41 :

Toutefois, plus la preuve qui n'a pas été mentionnée expressément ni analysée dans les motifs de l'organisme est importante, et plus une cour de justice sera disposée à inférer de ce silence que l'organisme a tiré une conclusion de fait erronée « sans tenir compte des éléments dont il [disposait] » : Bains c. Canada (Ministre de l'Emploi et de l'Immigration) (1993), 63 F.T.R. 312 (C.F. 1re inst.).

[6]                Ce n'est pas à la Cour d'apprécier la preuve soumise. Pour ce motif, la demande de contrôle judiciaire est accueillie et l'affaire est renvoyée à un tribunal différemment constitué de la Commission pour qu'il rende une nouvelle décision. Aucune question à certifier ne se pose.

                                        ORDONNANCE

La présente demande de contrôle judiciaire est accueillie et l'affaire est renvoyée à un tribunal différemment constitué de la Commission pour qu'il rende une nouvelle décision. Aucune question à certifier ne se pose.

« E. Heneghan »

Juge

Traduction certifiée conforme

Julie Boulanger, LL.M.


                                     COUR FÉDÉRALE

                     AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER

DOSSIER :                                                     IMM-8617-03

INTITULÉ :                                                    EDA PELUSHI

c.

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉ ET DE L'IMMIGRATION

LIEU DE L'AUDIENCE :                              TORONTO (ONTARIO)

DATE DE L'AUDIENCE :                            LE 30 SEPTEMBRE 2004

MOTIFS DE L'ORDONNANCE

ET ORDONNANCE :                                    LA JUGE HENEGHAN

DATE DES MOTIFS :                                   LE 4 OCTOBRE 2004

COMPARUTIONS :

Michael Romoff                                                 POUR LA DEMANDERESSE

Catherine Vasilaros                                            POUR LE DÉFENDEUR

AVOCATS INSCRITS AU DOSSIER :

Michael Romoff                                                 POUR LA DEMANDERESSE

Avocat

Toronto (Ontario)

Morris Rosenberg                                              POUR LE DÉFENDEUR

Sous-procureur général du Canada


COUR FÉDÉRALE

      Date : 20041004

      Dossier : IMM-8617-03

ENTRE :

EDA PELUSHI

                                demanderesse

et

LE MINISTRE DE LA CITOYENNETÉET DE L'IMMIGRATION

                                         défendeur

                                                          

MOTIFS DE L'ORDONNANCE

ET ORDONNANCE

                                                          


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